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Le Voleur, Roman, Georges Darien, lpllapetitelibrairie.fr

 Résumé :

Publié en 1897, Le Voleur est un roman sulfureux et provocateur dans lequel Georges Darien donne la parole à un personnage singulier : Georges Randal, un jeune homme issu de la bourgeoisie, éduqué dans un certain conformisme social, qui choisit délibérément la voie du vol, non par nécessité, mais par esprit de révolte contre une société hypocrite et corrompue.

Le récit, construit comme une longue confession, retrace l’itinéraire de ce voleur d’un genre nouveau, dont les méfaits s’apparentent à des actes politiques. Randal n’est ni un criminel par vice, ni un misérable poussé par la faim : il est un voleur par conviction, par révolte. Enfant trahi par son oncle, spolié de son héritage, il découvre très tôt que la loi protège avant tout les puissants et que la moralité bourgeoise n’est qu’un masque pour couvrir des intérêts égoïstes. À partir de là, il décide de rendre coup pour coup, non pas dans l’ombre, mais avec une logique froide et presque mathématique.

Dans ce parcours initiatique inversé, Randal devient une sorte de dandy anarchiste, cultivé, lucide et cynique. Il s’infiltre dans les cercles mondains, commet ses vols en pleine lumière, et s’adonne à une critique mordante des institutions, du clergé, du mariage, de la propriété et de la justice. Darien utilise l’humour noir et la satire pour souligner l’immoralité de ceux qui se prétendent honnêtes. Le roman devient ainsi une parabole sur l’inversion des valeurs : celui qu’on appelle « voleur » n’est peut-être pas le plus coupable, et ceux qui vivent dans l’opulence grâce à l’exploitation des autres ne sont pas plus respectables que les brigands qu’ils condamnent.

Randal ne cherche ni rédemption ni pitié. Son récit, ponctué de réflexions philosophiques et d’ironie, est celui d’un homme qui a fait un choix radical de vivre en marge, dans une liberté sans illusions.

Conclusion :

Avec Le Voleur, Georges Darien signe une œuvre percutante, dérangeante et d’une modernité saisissante. Ce roman, à la fois pamphlet social et récit d’apprentissage à rebours, pose une question toujours actuelle : dans une société fondée sur l’injustice, qui est le vrai criminel ? À travers son héros subversif, Darien nous invite à remettre en question les normes morales et sociales établies. Loin d’une apologie simpliste du vol, le roman propose une réflexion politique profonde sur l’hypocrisie des élites, la valeur de la liberté individuelle et le prix de la révolte.

Le plaisir de lire avec La Petite Librairie

Biographie

Georges Darien, de son vrai nom Georges Hippolyte Adrien, naît le 6 avril 1862 à Paris et meurt le 19 août 1921 à Paris également. Écrivain marginal et provocateur, il demeure une figure singulière et longtemps méconnue de la littérature française de la fin du XIXe et du début du XXe siècle. Farouchement antimilitariste, libertaire et profondément opposé aux structures bourgeoises et à l’hypocrisie sociale, Darien incarne un courant radical et souvent dérangeant de la pensée politique et littéraire de son époque.

Issu d’un milieu petit-bourgeois, Darien fait des études classiques avant de s’engager dans l’armée, une expérience qu’il détestera profondément et qui marquera durablement son œuvre, notamment dans son roman Biribi (1890), un violent réquisitoire contre les bataillons disciplinaires d’Afrique du Nord. Cette œuvre à scandale est censurée et met Darien au ban de la société littéraire traditionnelle.

Très influencé par les idées anarchistes et l’individualisme stirnérien, il écrit Le Voleur en 1897, roman dans lequel il dénonce la société capitaliste, la morale bourgeoise et les institutions répressives à travers les confessions d’un protagoniste qui choisit consciemment le vol comme acte de liberté. Le roman, qui mêle ironie mordante, cynisme et philosophie subversive, anticipe en bien des aspects les réflexions modernes sur la transgression, la morale et l’autorité.

En marge du système éditorial dominant, Georges Darien voit ses livres rarement réédités de son vivant, et souffre d’un isolement croissant. Il tente également sa chance dans le journalisme, sans grand succès. Ses idées libertaires, son anticléricalisme virulent et son opposition à toutes les formes de pouvoir, y compris le pouvoir révolutionnaire organisé, le condamnent à une certaine solitude intellectuelle. Il meurt dans l’indifférence, oublié par ses contemporains.

Conclusion :

Georges Darien fut un écrivain libre, intransigeant et profondément lucide sur les mécanismes d’oppression sociale. Par son œuvre, et particulièrement Le Voleur, il s’inscrit dans une tradition critique qui ébranle les certitudes morales et politiques. Redécouvert au XXe siècle, notamment par les surréalistes et certains philosophes libertaires, Darien apparaît aujourd’hui comme une voix radicale, exigeante et originale, dont les questionnements demeurent d’une troublante actualité. Son œuvre continue d’interpeller les lecteurs en quête de vérité et de remise en cause des conventions établies.

Serge

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