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Isabelle, Roman, André Gide, lpllapetitelibrairie.fr

Résumé : 

Publié en 1911, Isabelle est un court roman d’André Gide, à la frontière du récit d’apprentissage, du conte moral et du roman symbolique. L’histoire suit Gérard Lacase, un jeune étudiant en histoire, qui se rend au château de Quartfourche, dans le bocage normand, pour consulter des archives dans le but de rédiger une thèse sur le jansénisme. Là, il tombe sous le charme du lieu, mais surtout d’un portrait : celui d’Isabelle, la fille disparue du propriétaire du château.

Fasciné par la beauté et le mystère de cette femme qu’il n’a jamais vue, Gérard s’éprend de son image et idéalise sa personne. Cette passion pour une figure absente devient le moteur de son séjour. Il interagit avec les habitants du château des personnages un peu figés dans leurs habitudes et leur décadence et tente de percer le mystère d’Isabelle, qu’il finit par rencontrer dans des circonstances inattendues.

Mais la réalité d’Isabelle contraste fortement avec l’idéal qu’il s’était forgé. Elle n’est ni la femme angélique, ni la muse pure qu’il espérait : elle est humaine, complexe, et bien loin du mythe qu’il avait édifié autour d’elle. Cette confrontation douloureuse entre rêve et réalité provoque chez Gérard une forme de réveil spirituel et moral.

Conclusion :

Avec Isabelle, André Gide déjoue les attentes du roman romantique ou du récit chevaleresque. Il y met en scène le danger de l’idéalisation, la manière dont l’imaginaire peut trahir le réel, et comment le regard que l’on porte sur autrui peut empêcher de le connaître véritablement. Le roman, à la fois élégant, ironique et profond, explore l’éveil à la lucidité d’un jeune homme confronté à ses propres illusions. Par ce biais, Gide invite le lecteur à se méfier des images figées et des absolus, et célèbre, à travers une prose raffinée, la vérité de l’expérience vécue plutôt que celle du fantasme.

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Biographie :

André Gide, né le 22 novembre 1869 à Paris et mort dans la même ville le 19 février 1951, est une figure majeure de la littérature française du XXe siècle. Auteur prolifique, il s’est illustré par la diversité de son œuvre, mêlant roman, journal intime, théâtre, essais et critique. Son style sobre et rigoureux, allié à une quête constante de vérité personnelle, a profondément influencé la littérature moderne. Il a reçu le prix Nobel de littérature en 1947.

Issu d’un milieu protestant strict et bourgeois, Gide grandit dans une atmosphère à la fois intellectuelle et austère. Son éducation rigide le pousse très tôt à s’interroger sur les fondements de la morale, de la religion et du désir. Dès son adolescence, il se tourne vers l’écriture pour exprimer ses doutes et sa sensibilité singulière.

Son premier ouvrage, Les Cahiers d’André Walter (1891), déjà fortement autobiographique, annonce une œuvre marquée par l’introspection et l’analyse psychologique. C’est en 1891 également qu’il rédige le Traité du Narcisse, bref essai en prose poétique publié en 1893 dans La Revue blanche, puis en recueil. Dans ce texte d’inspiration symboliste, Gide s’empare du mythe de Narcisse non pour en faire une figure de vanité, mais pour en explorer la dimension mystique, esthétique et existentielle. Il y développe l’idée que la beauté, en tant que reflet de soi, est un chemin vers la connaissance intérieure. Le Traité du Narcisse témoigne de l’influence de Stéphane Mallarmé et d’un certain néo-platonisme alors en vogue dans les cercles littéraires décadents.

Au fil des décennies, Gide approfondit sa réflexion morale et sociale à travers des romans emblématiques comme L’Immoraliste (1902), La Porte étroite (1909), Les Caves du Vatican (1914) ou encore Les Faux-Monnayeurs (1925), considéré comme le premier roman français pleinement « moderne » par sa construction et sa mise en abyme. Son Journal, tenu pendant plus de 60 ans, est aussi un document littéraire et psychologique majeur du XXe siècle.

André Gide n’a jamais hésité à prendre des positions audacieuses, que ce soit contre le colonialisme (Voyage au Congo, Retour du Tchad) ou face aux dérives du communisme soviétique, qu’il dénonce dans Retour de l’URSS (1936). Ces prises de position, comme son homosexualité assumée, ont fait de lui une figure souvent contestée, mais toujours respectée pour son exigence intellectuelle et morale.

Conclusion :

André Gide fut un écrivain de la vérité personnelle, de la liberté intérieure et du refus du conformisme. Son Traité du Narcisse, bien que court, résume déjà cette quête d’identité et de dépassement de soi qui irrigue toute son œuvre. Par son exigence morale, sa lucidité critique et sa modernité formelle, Gide a ouvert des voies nouvelles à la littérature française et européenne. Il demeure aujourd’hui un auteur fondamental pour qui cherche à comprendre les tensions entre l’individu et la société, entre l’éthique et le désir, entre la beauté et la vérité.

Serge

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